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Jean-Marc Moretti, maire de Villerbon (à
gauche), s'est prêté au jeu, lors du vernissage de l'exposition le
3 février dernier. - (Photo NR, Jérôme Dutac)
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À Blois, une exposition rend le visiteur acteur en
lui mettant à disposition une dizaine de tables et des raquettes aux
formes insolites.
Quelle drôle d'exposition ! Dans le pavillon de la Fondation du
doute, à Blois, les visiteurs, raquette à la main, échangent quelques
balles. Le jeu n'est pas vraiment fluide. Et pour cause : les tables –
l'une mesurant près de deux mètres de haut – n'ont que très peu de
ressemblances avec de véritables tables de tennis de table. Les
raquettes, disproportionnées ou molles, ne facilitent pas la tâche des
pongistes d'un jour.
" Une dimension moins contemplative et plus participative "
Il faut voir dans cette exposition, intitulée « Ping-Pong Remix »,
imaginée par The Collective Fluxus Project, une représentation de
l'art-jeu, mouvement né dans les années soixante et défini, en 1965, par
George Maciunas, l'un des acteurs du mouvement Fluxus (*) : « L'art-jeu
doit être simple, amusant, sans prétention, traitant de choses
insignifiantes, ne requérant aucune habileté ou entraînement sans fin,
n'ayant aucune valeur commerciale ou institutionnelle. La valeur de
l'art-jeu sera réduite parce que quantitativement illimitée, en
production de masse, accessible à tous et produit par tous. »
« Nous sommes partis d'une exposition sur le ping-pong de la
Fondation du doute qui remonte à novembre 2014. Nous avons essayé de
garder l'esprit du tennis de table sans en conserver les éléments qui y
font trop référence. » Un véritable exercice d'équilibriste : « Nous avons donc travaillé sur les raquettes et les balles qui peuvent être des balles de pelote basque », indique
Corinne Melin, professeur d'art contemporain à l'Ensa (école nationale
supérieure d'art) de Limoges et coordinatrice du projet. À chaque
« table » a été donné le nom d'un artiste : Philip Corner pour celle qui
émet une sonorité différente à chaque fois qu'une balle la heurte. « Nous
avions envie de travailler sur la contrainte autour du geste, autour du
corps, avec des tables en hauteur, des tables à l'aveugle »,
complète Juliette Ducrocq, appartenant à The Collective Fluxus Project.
Le fait que le visiteur soit acteur de l'exposition correspond « à la volonté du mouvement Fluxus de rendre l'art plus accessible ». L'art atteint alors « une dimension moins contemplative et plus participative ».
Jean-Marc Moretti, conseiller communautaire délégué à la culture, abonde dans le même sens : « C'est une exposition interactive », manière originale « de découvrir l'art contemporain ». « La notion de jeu permet d'impliquer les spectateurs plus directement » conclut Corinne Melin.
Exposition
visible jusqu'au 26 mars, du mercredi au dimanche de 14 h à 18 h 30, au
pavillon de la Fondation du doute, 14, rue de la Paix à Blois. Entrée
libre.
(*) Mouvement d'art contemporain né dans les années
soixante qui concerne aussi bien les arts visuels que la musique et la
littérature. L'humour et la dérision sont placés au centre de la
démarche.